Et voici la maison blanche, que nous avions aperçue la veille depuis la rive du canyon. De près, on se rend mieux compte de la taille des constructions, et on essaie d’imaginer quelle pouvait être la vie des familles Anasazi qui vivaient là il y a près de mille ans.
Ici aussi, on découvre, nichés sous l’immense falaise de grès, les vestiges d’habitations anciennes : White House, la maison blanche, qui date du début du XIV° siècle, est le seul endroit du canyon où il est possible de se rendre sans guide ; ce sera d’ailleurs l’objectif de notre randonnée du lendemain.
Il y a deux siècles, on offrait des verroteries aux indiens, pour mieux leur voler leurs territoires et leurs richesses. Aujourd’hui, ils se vengent en vendant à la sauvette, sur les parkings des parcs nationaux, de l’artisanat approximatif très certainement fabriqué dans des usines situées de l’autre côté du Pacifique …
Pour faire le circuit de Monument Valley, on peut utiliser sa propre voiture, si on n’a pas peur des trous qui émaillent la descente du plateau, ou alors on peut recourir aux services de ces superbes promène-couillons, astucieusement conçus pour ne pas pouvoir échapper à de superbes coups de soleil et respirer à pleins poumons la poussière dégagée par tous les autres véhicules !
Mesa Verde compte un très grand nombre de vestiges d’habitats indiens ancestraux dans des pueblos construits du VIe au XIIe siècle. Les quelque 4 400 sites recensés comprennent des villages bâtis au sommet de la Mesa, c’est-à-dire sur le plateau, et des habitations aménagées dans les falaises, à l’abri de surplombs rocheux.
Dans l’extrême sud-ouest de l’État du Colorado, le plateau de Mesa Verde, qui atteint plus de 2 600 m d’altitude, est parcouru de profonds canyons. Et c’est au fond de ces canyons, ou plus exactement dans leurs flancs, que l’on va découvrir ce qui a conduit à l’inscription de ce site au patrimoine mondial de l’humanité …
Nous nous réfugions donc dans les voitures pour regagner Moab. Il nous faudra une bonne heure de route, sous une pluie diluvienne et aveuglés par des éclairs innombrables, pour arriver à bon port. Mais avant que la nuit ne soit tombée, nous avons encore pu profiter de quelques éclairages fabuleux, avec ce phénomène spectaculaire où le ciel est beaucoup plus lumineux à l’intérieur de l’arc en ciel qu’à l’extérieur;
Et le pique-nique, me direz-vous? Eh bien nous l’avons dégusté dans l’hôtel, tout simplement !
L’orage est maintenant tout proche : le ciel a pris une couleur uniforme surprenante, et l’air est tellement chargé d’électricité que nous entendons une espèce de grésillement continu, et que les cheveux se dressent sur la tête des derniers courageux qui osent encore braver les éléments ; mais nous sommes sur un promontoire, il est grand temps de regagner les voitures : d’ailleurs un ranger viendra quelques minutes plus tard demander aux derniers visiteurs d’évacuer le site.
Sans être spécialement inquiets, nous surveillons la progression de l’orage, qui nous offre des éclairages originaux, avec un arc en ciel et quelques éclairs que nous essayons d’immortaliser. Nous nous sentons encore en sécurité et profitons du spectacle, tandis que le rideau noir s’approche lentement …
En fin de soirée, nous revenons au point de vue précédent, avec pour objectif d’y attendre le coucher de soleil et d’y pique-niquer. Cet endroit s’appelle Dead Horse Point, le point du cheval mort. C’est une espèce de plate-forme rocheuse qui surplombe la vallée du Colorado, 600 mètres plus bas. On accède à ce plateau par une arête rocheuse qui, à son endroit le plus étroit, ne mesure que 27 mètres de largeur.
Il tire son nom du fait que, au XIX° siècle, les cowboys utilisaient ce plateau comme un enclos pour des chevaux sauvages capturés aux alentours : il suffisait de fermer cet enclos naturel à son endroit le plus étroit pour empêcher tout fuite. Un jour les chevaux furent oubliés et moururent de soif, alors qu’ils avaient la rivière en point de mire …
En plein milieu du parc d’état de Dead Horse Point, qui jouxte Canyonlands, nos yeux fatigués par la chaleur et le lever très matinal nous joueraient-ils des tours ? A-t-on vue sur la mer depuis ce promontoire ? Eh bien non, ici, on exploite la potasse, et ces bassins de décantation sont plutôt surprenants dans ce paysage vierge. Il paraît qu’en fin d’exploitation de la mine, le terrain sera remis dans l’état où il avait été trouvé en entrant …
Depuis Island in the sky, il est possible de descendre vers le plateau inférieur pour rejoindre une piste qui le sillonne. Taillée à la serpe au flanc de la falaise, elle est vraiment impressionnante et quand on y est engagé, on n’a pas le choix : il faut aller jusqu’au bout, le demi-tour est impossible !
